« LEONARDO CREMONINI », ART PARIS ART FAIR 05.04 – 08.04.2018

Après l’exposition Leonardo Cremonini 1925-2010 de décembre 2017, la Galerie T&L poursuit le travail de redécouverte de cet artiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle en organisant une monographie sur Cremonini à la foire Art Paris Art Fair, du 5 au 8 avril, au Grand Palais, à Paris (stand B4). Une quinzaine d’oeuvres, entre tableaux, dessins et aquarelles seront exposées, dont plusieurs n’avaient pas été montrées en décembre, à l’instar de Cache-cache (1965-1966).

VIE ET OEUVRE :

Peintre emblématique des scènes artistiques française et italienne des années 1950 à 1990, Leonardo Cremonini (1925-2010) connut la célébrité de son vivant. Admiré par ses pairs tels que Francis Bacon ou Roberto Matta et par les écrivains, à l’instar d’Alberto Moravia, Italo Calvino, Umberto Eco, Louis Althusser, Michel Butor ou Régis Debray, son œuvre est représentée dans de nombreuses collections publiques (Musée national d’art moderne, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, MoMa, Galerie d’art moderne de Milan…) et privées (Fondation William Louis-Dreyfus).

Dans les années1940, Cremonini étudie la peinture à Bologne, sa ville natale, où enseignait Giorgio Morandi, puis à Milan avant de s’installer à Venise, où il est remarqué par Peggy Gugenheim, qui lui fournit un atelier. Dans les années 1950, alors qu’il s’installe à Paris, il travaille dans une veine parfois qualifiée d’expressionniste suscitant l’intérêt (ses premières expositions à New York ont lieu à cette époque). C’est à cette époque qu’il se lie avec Francis Bacon, avec qui il travaille à Romet et à Ischia, ainsi qu’avec Roberto Matta. L’esthétique de Cremonini évolue dans les années 1960 vers une peinture plus construite et posée, intellectuelle, au goût métaphysique et aux couleurs éléctriques.

Attiré par les ambiances balnéaires de son enfance italienne, à partir de cette époque, Cremonini représente estivants hébétés sur les plages, enfants jouant et couples inconsolés qu’il décline en autant de situations dramatiques qu’elles sont banales. Ce dramatique sans drame, il le figure avec une peinture au chromatisme exacerbé, captant parfaitement l’atmosphère lourde et embuée de la chaleur d’été. Il joue sur des cadrages géométriques, très construits, employant des formats souvent oblongs ou utilisant les jeux de reflets de miroirs, les plans en enfilade d’une pièce à l’autre, qui dilatent et compliquent l’espace. Les scènes érotiques sont vues à travers les reflets des miroirs, les personnages sont tronqués : on ne voit jamais directement l’acte chez Cremonini et le spectateur est transformé en voyeur. Pour ses personnages, il met au point un canon humain qu’il contorsionne et rabougrit, les privant de leur individualité.

Ses tableaux évoquent la puissance du désir, ses jeux, ses interdits ; sa peinture dépeint également admirablement l’ennui, l’abandon, l’incompréhension – des rapports émotifs sur lesquels on ne parvient à mettre de nom mais dont on sent l’incomparable prégnance, qu’il parvient à faire remonter à la surface de ses toiles, ce qui poussa Moravia comme Debray à le consacrer comme le peintre par excellence de l’angoisse existentielle.

Leonardo Cremonini est mort à Paris en avril 2010.

Cremonini, Les plafonds de la plage, 1968