Tommaso Spazzini

Tommaso Spazzini

Tommaso Spazzini, aussi sous son nom d’artiste Tindar, est un artiste italien né à Milan en 1986 mais vivant et travaillant aujourd’hui à Rome, dans son atelier de Trastevere.

BIOGRAPHIE :

Diplômé en économie de la prestigieuse université Bocconi de Milan le jour même où les marché internationaux s’effondraient, en 2008, Tindar décide alors d’abandonner la voie qui lui était tracée et part pour Rome, où il suit assidument les cours de dessin de l’Académie des Beaux-Arts et découvre le patrimoine artistique inestimable de la cité éternelle.

Tindar pratique un art nourri de références littéraires et philosophiques : L’Enfer de Dante tapissant la surface d’une toile, des pages de l’Encyclopédie de Diderot de d’Alembert pour servir de fond aux immenses et tentaculaires racines qu’il dessine au crayon noir, Tindar a développé une série d’œuvres spectaculaires où le fond et la forme se répondent, le texte et l’image se conjuguent l’un à l’autre, nouant une réflexion autour du thème qui lui est cher : celui de la mémoire et de l’identité culturelle.

Exécutées sur les pages de vieux manuscrits ou d’anciennes éditions de livres rares, ces racines fantastiques, qu’il dessine avec une maîtrise réaliste saisissante, prennent une valeur symbolique jouant sur la polysémie du terme : les racines des arbrbes représentent nos racines culturelles, questionnent notre identité intellectuelle tout en proposant une esthétique épurée, essentielle, qui rappelle en bien des endroits l’art asiatique.

L’intérêt de Tindar pour la question de l’identité se retrouve au coeur d’une autre série phare de son travail : celles des empreintes, nommée Identità. Ayant recueilli les empreintes digitales de diverses personnes, dont les siennes, pour chaque oeuvre Tindar en choisit une qu’il reproduit des centaines de fois. Il l’imprime, puis la découpe, et pique sur des tiges métalliques toutes les reproductions. Il les agence ensuite sur un support en carton de manière à obtenir une nouvelle empreinte de grand format identique à celle d’origine, qui se trouve répétée des centaines de fois.

Ce sont des œuvres issues de la patience et du travail méticuleux de l’artiste, d’ordre presque scientifique. Savamment, il place les empreintes à différentes hauteurs et selon des nuances infimes allant du gris clair au noir le plus foncé afin de conférer une impression de relief saisissante à ces armures d’écailles sur fond blanc.

Dans la série suivante, Tindar a décidé de passer d’identités disctinctes, circonscrites, à une identité globale, nouvelle, où le singulier se fond dans le général :

En 2016, après avoir passé deux mois dans le camp de réfugiés de Calais tristement baptisé “La Jungle”, Tindar adapte son travail sur les empreintes digitales pour créer de grands triptyques composés chacun de milliers d’empreintes, réalisés en collaboration avec les exilés. Les centaines d’empreintes, collectées par les migrants eux-mêmes (invertissant leur rôle avec celui des policiers, qui fichent les migrants à leur entrée en Europe en relevant leurs empreintes digitales), sont collées sur des tiges piquées à même le fond de la toile, qui est peinte dans des teintes terreuses avec de l’acrylique voire de la vraie terre.

Les traces de doigt sont disposées sur la toile de manière à donner l’impression d’un flot se déversant d’un cadre à l’autre : Tindar représente, comme vu du haut, les chemins d’exode empruntés par les migrants à travers le désert aride d’Afrique ou du Moyen-Orient. Le symbole est puissant : mêlant des empreintes de réfugiés et de citoyens européens que rien ne distingue, l’artiste montre la destinée partagée de l’humanité, la communauté qui nous unit par-delà les différences, l’intemporalité du phénomène de migration, qui définit l’humanité depuis la nuit des temps.

Avec cette série, Tindar renoue avec un art engagé, qui entend ne pas rester sourd aux grands bouleversements de notre époque.

Une partie de ces oeuvres est vendue au bénéfice d’une association travaillant à l’insertion des migrants en France.