« SALON D’ÉTÉ #1 » 07.07 – 29.07.2023

Du 7 au 29 juillet, la Galerie T&L lance la première édition de son salon estival.

Pour la première édition de son Salon d’été, la Galerie T&L propose un nouveau format d’exposition en invitant de jeunes artistes à exposer librement leur travail aux côtés des oeuvres d’artistes historiques de la galerie pendant trois semaines.

L’exposition se veut un jeu de savants mélanges de thèmes qui montrent ce qui préoccupe les peintres, hier et aujourd’hui, ce qui les attire, ce qui les obsède.

Des références à l’histoire et à la peinture classique de Luca Rubegni et Paul Curti, de la peinture de l’intime et de l’enfance chez Louise Janet et Curti, à la nature spectrale des plantes peintes par Luc Pommet en passant par les figures angoissées de Anahita Masoudi ou François Malingrëy, tous les thèmes sont bons.

L’EXPOSITION

C’est l’hommage aux grands maîtres qui anime Luca Rubegni, peintre italien, qui s’inspire de la célèbre Bataille de San Romano de son compatriote Paolo Uccello dans sa série Même sur les batailles tombe l’ombre. Rubegni isole et découpe des morceaux du vaste cycle de trois tableaux du Quattrocento, avec un dessin net, simplifié et des couleurs vives qui transportent la bataille épique dans une atmosphère métaphysique.

Louise Janet, tout juste diplômée des Beaux-Arts de Paris, peint et dessine avec un style fouillé les moindres recoins de l’intimité, la poésie du quotidien, ces petits riens qui font le réel, avec un goût pour le monde clos de la chambre d’enfant et ses ouvertures sur l’extérieur que sont posters, affiches, tableaux et livres qui y prennent place.

La nature reste un moteur puissant de fascination pour les artistes : les ramifications extraordinaires des branchages fascinent à juste titre Luc Pommet. Travaillant par de multiples couches de peinture qui deviennent presque des concrétions, il crée des tableaux qui sont eux-mêmes des curiosités naturelles, comme des fossiles antédiluviens, des reliques délicates mais sans autre ossement que l’armature des branches. On sent que l’artiste veut capter l’insaisissable beauté de la nature : la sève qui nourrit la pousse, la feuille qui jaunit, l’oeuvre des saisons sur l’aspect des plantes… Comme s’il essayait de radiographier ce qui fait la magie du monde naturel. On décèle chez lui l’influence du japonisme et de la vision stylisée de la nature des maîtres nippons de l’ukiyo-e.

Paul Curti et Louise Janet explorent le monde animal mais sous le signe de l’enfance : fidèle au principe directeur de sa peinture, Curti peint non pas le rhinocéros lui-même dans Le bon rhino mais un jouet en forme de rhinocéros. Il aime détourner des iconographies consacrées de la peinture occidentale, comme celle du chevalier : dans George is back, ce sont deux jouets, deux figurines – une de chevalier et une de dragon – qu’il peint et non pas saint Georges pourfendant le dragon, même s’il reprend la forme typique de la Renaissance, celle du tondo, et la technique si appréciée des peintres de l’époque : la fresque.

À côté de ces visions joyeuses et colorées, l’introspection psychologique et la violence de la condition humaine sont partout chez Anahita Masoudi, dans PQ, autoportrait peint à l’âge de vingt ans comme dans Le Point noir, où les mains croisées du pape, personnage qui symbolise s’il en est la paix, concentrent un point de noirceur dans son habit de blancheur. Le mal guette toujours, tapi dans l’ombre.

François Malingrëy est représenté ici avec son plus important tableau de jeunesse, le monumental Frère et soeur, un tableau peint en 2013, à larges touches généreuses dans un camaïeu de bruns, de gris et de violets, où l’on retrouve l’ambiance étrange typique du peintre : des personnages (dont lui-même), toujours torse-nus, dont on se demande ce qu’ils font là. Du pouvoir de la peinture de jouer avec la réalité, de la distordre, d’interroger alors même qu’elle ne semble pas, ici, poser de question.

En regard de tout ceci, quelques tableaux des années 1960 et 1970 : des peintures plus politiques d’un Ivan Messac aux méditations métaphysiques d’un Leonardo Cremonini, maître de la coulure, et à la peinture objective et scientifique – architecturale -, d’un Christian Babou.

François Malingrëy, Frère et sœur