« NEUF ARTISTES AU DONJON DE VEZ », 31.07 – 30.10.2017

À l’occasion de la programmation d’été du Donjon de Vez et des Rencontres Musicales de Vez du 9 septembre 2017, la Galerie T&L installe in situ, du 31 juillet jusqu’à fin octobre, un parcours d’œuvres monumentales dans le cadre exceptionnel de ce vaste château médiéval, l’un des plus beaux de France, situé à soixante kilomètres de Paris et connu pour sa collection d’œuvres contemporaines et modernes (Sol LeWitt, Venet, Buren, Reynaud, Lee Ufan, Morellet, Bourdelle…) patiemment rassemblée par Francis Briest depuis trente ans.

Pour créer des œuvres en résonnance avec ce lieu haut en histoire et ses jardins minimalistes dessinés par le paysagiste Pascal Cribier, la Galerie T&L à pris le parti de convoquer le talent de jeunes artistes (François Malingrëy, Tindar, Ferdinand Makouvia) ainsi que celui de créateurs d’ores et déjà reconnus (Eva Jospin, Simon Rouby, Paul Kremer, Edwart Vignot, Olivier Urman). Sculpture, peinture, installations et vidéo seront conjugués pour animer cet espace suggestif, en en appelant à l’histoire et à l’architecture féérique des lieux.

LE PARCOURS :

Les oeuvres installées à l’occasion de l’exposition ont pour but de créer un dialogue avec l’architecture et la nature des lieux ou bien avec des oeuvres de la collection permanente : ainsi, l’américain Paul Kremer (né en 1971), dont c’est la première exposition en France, a créé trois grandes peintures abstraites et colorées typiques de son Colorfield painting très graphique pour répondre au chromatisme minimaliste des vitraux de Daniel Buren dans la chapelle du château.

Edwart Vignot prend parti des dépôts lapidaires antiques exposés dans la crypte voûtée de la chapelle pour installer son Art-Chaos-Logis et prend acte de la fonction funéraire de la chapelle pour poser délicatement son In Memoriam, bouquet de fleurs fossilisé trônant par contraste dans le vaste espace blanc du sanctuaire.

François Malingrëy (né en 1989), en écho à la fonction religieuse des lieux, montre son monumental triptyque, le Retable au Volcan, qui rappelle la forme des retables de dévotion médiévaux et épouse la forme de l’abside de la salle supérieure de la chapelle.

Dans la même salle, Tommaso Spazzini, dit Tindar, renouvelle la fonction du triptyque. Sur trois toiles enduites de terre, des centaines d’empreintes digitales serpentent d’un panneau à l’autre : elles représentent les chemins de migrations à travers les frontières, matérialisées par la séparation entre les panneaux du triptyque. Les empreintes ont été collectées en 2016 par des migrants bloqués à Calais. De la religion à l’humanitaire – et à l’humanisme.

Dans les souterrains du château, Eva Jospin (née en 1975) a posé sa délicate Grotte, modèle en carton et en bois d’une caverne concave, qui devient une grotte dans la grotte. À l’extérieur de la chapelle, sur le mur de l’abside, son Balcon, accroché en hauteur, semble avoir été là de tout temps. Il a trait à la poétique des ruines : couvert de lianes, entre fer et végétal, il évoque la dimension romantique du Donjon de Vez.

Appuyé contre la muraille, un géant de sept mètres de hauteur observe le visiteur par-dessus la courtine extérieure : oeuvre de François Malingrëy à mi-chemin entre peinture et sculpture, elle est conçue pour être à l’échelle du château et exploite l’atmosphère de conte de fées émanant de Vez. Elle introduit non sans malice la peinture figurative dans la collection de sculptures monumentales minimalistes rassemblée au château.

Simon Rouby (né en 1980) proposera une installation vidéo dans les souterrains, intégrant cet art jusqu’ici absent à Vez, tandis que la photographie sera également présente, à travers le regard de Constantin Briest.

Ferdinand Makouvia (né en 1989), jeune sculpteur togolais trois fois primé en France cette année, a, lui, décidé de se confronter aux oeuvres monumentales de Bernard Venet et de Lee Ufan en installant sa plus grande pièce, De l’autre côté il peut y avoir de l’inconnu, dans la grande esplanade devant l’entrée du Donjon.

Enfin, Olivier Urman et Edwart Vignot créent un musée miniature dans le cadre mystérieux de la crypte croisée d’ogives, répondant avec humour aux oeuvres monumentales exposées dans les jardins. Dans ses œuvres, Urman associe et dissocie des éléments disparates issus d’un répertoire quotidien (pièces de mobilier miniaturisées, animaux empaillés) afin de créer des objets de décor à la Lautréamont, ironiques et surréalistes.

In Memoriam d’Edwart Vignot dans la chapelle